Extrait de Mgr. Patrick ARIS, Chibly Langlois, Cardinal Haïtien pour l’Église en la pape et le chapitre III
LE CONCLAVE ET SON INSTITUTION
Selon la tradition et les sources du 5e s., l’Apôtre Pierre choisit ses successeurs pour Rome : les évêques Lin, Anaclet, Clément. Par la suite l’ekklêsia de Rome (clergé, évêques suburbicaires, fidèles) élit son évêque. À partir du 5e s., le corps électoral se restreint aux grands laïcs et dignitaires cléricaux ; la nomination du pape est soumise à l’approbation des grands princes (empereur romains, byzantins, etc.) qui sanctionnent le résultat du scrutin. Le Concile du Latran en 769 retire l’élection aux laïcs et impose à l’élu d’être au moins diacre. Cette élection depuis 1059 est réservée au collège cardinalice. Latran III décida en 1179 la majorité des deux tiers (2/3) pour obtenir l’élection. Le canon 24 de Latran IV en 1215 institue trois types d’élection : par inspiration (acclamation sans concertation des cardinaux d’un des leurs comme pape) ; par compromis (élection confiée à une commission de cardinaux); enfin par scrutin à bulletin secret, forme ordinaire de l’élection. Le conclave est le système et le lieu de celle-ci.
La chrétienté de 1241 à 1294 a dû se passer de pape à cause des luttes entre familles rivales pour le contrôle de la papauté. Cette période connut la plus longue et difficile élection d’un pape qui dura 2 ans 9 mois à Viterbe quand les autorités romaines emmurèrent les cardinaux, ôtèrent le toit de la salle où ils étaient pour permettre aux influences divines de descendre sur leurs délibérations. La population même menaça de les affamer pour les forcer à agir. Alors les cardinaux déléguèrent leur décision à une commission de 6 membres qui élut en 1271 par compromis, Tebaldo Visconti (1210-1276), archidiacre de Liège qui prit le nom de Grégoire X. Pour éviter ces situations à l’avenir ce dernier promulgua au 2e concile de Lyon le 7 juillet 1274 la bulle Ubi periculum (confirmée par Boniface VIII) qui établit le conclave comme structure ordinaire d’élection du pape pour«obtenir un résultat dans les plus brefs délais». La bulle décida l’enfermement avec clé et des restrictions : au bout de 5 jours de conclave, les cardinaux sont réduits au pain, au vin et à l’eau ; ils doivent vivre en commun dans la pièce. Ces mesures provoquèrent un tollé parmi eux ; elles furent modifiées pour y apporter plus de souplesse, mais le principe fut gardé. Voilà l’origine du conclave ; du latin cum-clavis = sous clé.
Le terme conclave fut employé pour l’élection d’Innocent V en janvier 1276. Il mourut 5 mois plus tard. Son successeur Jean XXI suspend les mesures de Grégoire X prolongeant ainsi les vacances du siège pontifical. Boniface VIII réinstaure le conclave duquel découlent par ricochet deux dangers graves pour la liberté des cardinaux électeurs: la capitulation dont nous avions déjà parlé et le droit d’exclusive (jus exclusivæ). Celui-ci tire ses origines des pressions exercées à partir du 16e s. par la couronne d’Espagne. L’exclusive ou veto fut un privilège de la France, de l’Espagne et de l’Autriche, d’exclure du vote de ses pairs un cardinal susceptible d’être élu. Ce véto fut reconnu tacitement à partir de 1691 comme un droit d’un souverain. Il est confié au cardinal de couronne dit protecteur du pays concerné, qui a charge de le signifier aux autres cardinaux. Ce véto est utilisable une seule fois dans un conclave. G. Sarto serait devenu pape Pie X parce que la jus exclusivae fut pratiquée contre le cardinal Rampolla par le cardinal Puzyna, prince-évêque de Cracovie au nom de l’empereur François Joseph I d’Autriche. Pie X la supprima par la constitution apostolique Commissum nobis (20 janvier 1904). Il interdit sous peine d’excommunication, à un cardinal de porter une exclusive ; il abolit « le véto des puissances séculières dans les élections pontificales». Le Collège redevint souverain dans l’élection, choisit qui il veut, fût-il non cardinal. En outre il décida que le secret sur les élections soit gardé par tous les participants au conclave ; même après. L’abolition de l’Exclusive confirmée par Paul VI et Jean Paul II, n’empêche pas que des ambassades cherchent à intervenir dans l’élection du pape. Mais ces influences néfastes sont devenues difficiles ou impossibles.
Le premier grand document pontifical moderne sur l’organisation du conclave nous vient de Pie XII Vacantis Apostolicae Sedis, daté du 8 décembre 1945. Après Vatican II, il fallait tout revoir avec Romano Pontifici Eligendo de Paul VI retouché par Universi Dominici gregis. Les ajustements proviennent surtout de l’évolution du temps. Plus grande précision sur les lieux, grande technicité dans les tâches conclavistes, rigueur dans la loi du secret, rôle décisif des congrégations générales devenant la vraie cuisine du conclave. UDG garde l’élection per scrutinium, abolit les deux autres. L’entrée en conclave débute 15 jours au moins, 20 jours au plus, après la mort ou l’acte de renoncement du pape. Le MP Normas Nonnullas du 22 février 2013, permet une convocation avant 15 jours. UDG prépare le conclave, traite de l’élection du pontife du n. 33- 97 ; jusqu’à l’acceptation, la proclamation et le début du ministère de l’évêque de Rome. Avant le début des congrégations, les cardinaux prêtent serment pour garder le secret des délibérations :
Nous, Cardinaux de la Sainte Église Romaine, dans l’ordre des Évêques, des Prêtres et des Diacres, nous promettons, déclarons obligés et jurons, tous et chacun, d’observer exactement et fidèlement toutes les normes contenues dans la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis du Souverain Pontife Jean-Paul II, et de maintenir scrupuleusement le secret sur tout ce qui a rapport de quelque manière que ce soit avec l’élection du Pontife Romain, ou qui, de par sa nature, pendant la vacance du Siège apostolique, demande le même secret.
Ensuite chaque Cardinal dit : Et moi, N. Cardinal N. je promets, je m’oblige et je jure. Et, posant la main sur l’Évangile, il ajoute : Que Dieu m’aide en cela, et ces saints Évangiles que je touche de ma main.
Au cours des congrégations les cardinaux retardataires peuvent y entrer après le serment supra. Depuis 1996 les cardinaux électeurs séjournent pour le conclave à la Résidence Sainte Marthe (Domus sanctae Marthae) située derrière la salle des audiences ; elle fut construite par Jean Paul II à cet effet. De là les cardinaux vont voter à la Chapelle Sixtine où aucune communication avec l’extérieur n’est admise. Durant un conclave cette chapelle est réservée aux votes et à la prière (Bréviaire). Entre Sainte Marthe et Sixtine du personnel est à la disposition des cardinaux pour qu’ils n’aient point besoin de fréquenter d’autres lieux. Jean Paul II le dit ainsi: « Pour faire face aux besoins personnels et de service liés au déroulement de l’élection, devront être disponibles et donc convenablement logés dans des locaux adaptés à l’intérieur des limites déterminées au n. 43 de la présente Constitution, le Secrétaire du Collège cardinalice, qui fait fonction de Secrétaire de l’assemblée élective ; le Maître des Célébrations liturgiques pontificales avec deux cérémoniaires et deux religieux chargés de la sacristie pontificale ; un ecclésiastique choisi par le Cardinal Doyen ou par le Cardinal qui le remplace, afin de l’assister dans sa propre charge.
En outre, devront être à disposition quelques religieux de diverses langues pour les confessions, ainsi que deux médecins pour des urgences éventuelles.
On devra aussi mettre à disposition en temps utile un nombre suffisant de personnes pour assurer les services des repas et de la propreté.
Toutes les personnes désignées ici devront être approuvées au préalable par le Cardinal Camerlingue et les trois assistants».
Ce personnel prête serment avant le début de l’élection devant le cardinal camerlingue (ou le cardinal délégué à cet effet) en présence de deux cérémoniaires. Jean Paul II a repris la formule du serment du n. 46 de RPE en faisant les ajouts nécessaires liés aux techniques modernes. En voici le texte :
« Moi, N. N., je promets et je jure de garder le secret absolu, et à l’égard de quiconque ne fait pas partie du Collège des Cardinaux électeurs, et cela perpétuellement, à moins que je n’en reçoive une faculté particulière expressément accordée par le nouveau Pontife élu ou par ses successeurs, sur tout ce qui concerne directement ou indirectement les votes et les scrutins pour l’élection du Souverain Pontife.
Je promets également et je jure de m’abstenir de me servir d’aucun instrument d’enregistrement, d’audition ou de vision de ce qui, pendant l’élection, se déroule dans le cadre de la Cité du Vatican, et particulièrement de ce qui a trait directement ou indirectement, de quelque manière que ce soit, aux actes liés à l’élection elle-même.
Je déclare que j’émets ce serment en ayant conscience que l’enfreindre entraînera à mon égard les sanctions spirituelles et canoniques que le futur Souverain Pontife estimera devoir adopter (cf. canon 1399).
Que Dieu m’y aide ainsi que ces saints Évangiles que je touche de ma main ».
Le matin du premier jour du conclave est réservé à la célébration de la messe votive Pro eligendo Papa (pour l’élection du Pape) dans la basilique vaticane. De là les cardinaux se rendent en procession à la chapelle Sixtine. L’après-midi est dédié à l’entrée en conclave, au tirage au sort de trois scrutateurs, trois infirmarii pour aller prendre le vote des électeurs malades et trois réviseurs chargés de contrôler les bulletins ; puis au premier scrutin. Le cardinal doyen ou le premier des cardinaux selon l’ordre et l’ancienneté prête serment avec les autres électeurs sur ce qui a trait au vote et son issue (sous peine d’excommunication latae sententiae). Voici la formule du serment :
« Nous tous et chacun de nous, Cardinaux électeurs présents à cette élection du Souverain Pontife, promettons, faisons le vœu et jurons d’observer fidèlement et scrupuleusement toutes les prescriptions contenues dans la Constitution apostolique du Souverain Pontife Jean-Paul II, Universi Dominici gregis, datée du 22 février 1996. De même, nous promettons, nous faisons le vœu et nous jurons que quiconque d’entre nous sera, par disposition divine, élu Pontife Romain, s’engagera à exercer fidèlement le munus Petrinum de Pasteur de l’Église universelle et ne cessera d’affirmer et de défendre avec courage les droits spirituels et temporels, ainsi que la liberté du Saint-Siège. Nous promettons et nous jurons surtout de garder avec la plus grande fidélité et avec tous, clercs et laïcs, le secret sur tout ce qui concerne d’une manière quelconque l’élection du Pontife Romain et sur ce qui se fait dans le lieu de l’élection et qui concerne directement ou indirectement les scrutins ; de ne violer en aucune façon ce secret aussi bien pendant qu’après l’élection du nouveau Pontife, à moins qu’une autorisation explicite en ait été accordée par le Pape lui-même ; de n’aider ou de ne favoriser aucune ingérence, opposition ni aucune autre forme d’intervention par lesquelles des autorités séculières, de quelque ordre et de quelque degré que ce soit, ou n’importe quel groupe, ou des individus voudraient s’immiscer dans l’élection du Pontife Romain ».
Ensuite, chaque électeur, selon l’ordre de préséance, continue le serment : « Et moi, N. Cardinal N., je le promets, j’en fais le vœu et je le jure », puis il ajoute en posant la main sur l’Évangile:« Que Dieu m’y aide ainsi que ces saints Évangiles que je touche de ma main ».
Après le serment du dernier cardinal, le maître des célébrations prononce l’Extra omnes ! Les votes sont organisés par session, une le matin et une l’après-midi. Le nombre maximal de scrutins est de 4 en un jour. Chaque session est ponctuée de prières prévues par l’Ordo rituum conclavis (liturgie propre au conclave). Si les résultats d’un premier scrutin ne sont pas concluants, on procède aussitôt à un second. Après chaque scrutin, les résultats sont communiqués au reste du monde par l’intermédiaire d’une cheminée faite d’un conduit en cuivre installé sur le toit du lieu du vote. Depuis les conclaves du 19e s. à la chapelle Pauline du Palais du Quirinal, le résultat du vote est annoncé par la couleur d’une fumée. Les bulletins électoraux dépouillés sont à chaque session, brûlés dans un poêle en fonte utilisé depuis l’élection de Pie XII en 1939. Pour éviter de la confusion sur la fumée on ajoute aux bulletins et notes à brûler dans le poêle, de la paille humide, sorte de goudron pour de la fumée noire sans conteste. Pour la blanche, des fumigènes colorants fabriqués par un poêle auxiliaire à injection électronique. On fait depuis 2005 sonner les cloches avec la fumée blanche. Est installé une ventilation dans la chapelle Sixtine pour la commodité des électeurs. Le conclave prend fin si l’élu répond positif à la question du cardinal doyen (ou qui le remplace) «Acceptasne electionem de te canonice factam in Summum Pontificem?» On lui fait la 2e demande alors : « Quo nomine vis vocari? ».
Le nouveau pape, accompagné du camerlingue et du maître des célébrations liturgiques, se retire dans une cellule de trois mètres carrés attenante à la chapelle, petite sacristie appelée la chambre des larmes car, souvent là, face à l’immensité de sa charge, le nouveau pontife éclate en sanglots. Il y choisit sa soutane blanche parmi les trois tailles disponibles (petit, moyen, grand) confectionnées par la maison Gammarelli, tailleur officiel du Saint-Siège depuis le 18e s. De retour à la chapelle Sixtine, le secrétaire du Sacré Collège lui remet sa calotte blanche, le proto-diacre proclame l’évangile de la confession de foi de Pierre et, au chant du Te Deum, les cardinaux font procession pour lui rendre hommage par acte d’obéissance en s’agenouillant. Les cérémonies du conclave présidées par le cardinal doyen du Collège prennent fin lorsque le cardinal proto-diacre en compagnie du nouveau pape va à la loggia des bénédictions du balcon central de la Basilique Saint Pierre pour prononcer la célèbre formule Habemus papam.
Les cardinaux élisent le pape mais ne créent ni son pouvoir, ni la source de son autorité ; ils ne font que déterminer avec l’Esprit Saint la personne à qui Dieu donne ce pouvoir. L’élu devient pape aussitôt qu’il accepte son élection dont le cardinal camerlingue rédige un compte rendu, approuvé par les trois cardinaux assistants, indiquant le résultat des votes de chaque session. Ce compte rendu est remis au nouveau pape, puis conservé dans les archives secrètes du Vatican. Depuis Léon Xen 1513, aucun cardinal-diacre n’a plus été élu pape. Le dernier non-cardinal élu pape fut Urbain VI en 1378. Cette élection provoqua le Grand Schisme d’Occident. Depuis, une loi non écrite bien tenue, veut que seul un cardinal soit élu pape. Même si le droit de l’Église dispose qu’un simple prêtre puisse l’être.
2013 LE CONCLAVE DE BERGOGLIO
Cardinal Ratzinger est sorti Benoît XVI du conclave d’avril 2005. Après 8 ans d’un pontificat difficile et à 86 ans près, il annonce en latin le 11 février 2013 qu’il renonce à sa charge pétrinienne ; renonciation effective le 28 février à 20 h. Un cercle très restreint d’intimes fut mis dans le secret de sa décision. Il dit y avoir songé et pensé longuement à mesure que diminuent ses forces physiques et ses capacités d’actions directes. Benoît avoua la «vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié». Ces paroles demandent une exégèse exacte, non extrapolative. L’acte de Benoît XVI est la première bonne conforme renonciation d’un pape, d’une nature et d’une facture autre que celle de Grégoire XII en 1415, lors du Grand Schisme d’Occident. Le CIC de 1983 prévoit cet acte au canon 332§2.
Depuis le Concile Vatican II aucun événement n’a secoué l’Église avec autant de fracas. Pourquoi Benoît XVI posa-t-il ce geste inédit des temps modernes? La presse multiplie les spéculations, les supputations les plus ingénieuses et décapantes. Le quotidien La Repubblica, professe que la renonciation serait le fruit de l’enquête interne dont Benoît XVI chargea les cardinaux Julián Herranz Casado, Jozef Tomko et Salvatore De Giorgi. Le Figaro défait ces assertions et soutien que le pape aurait pris sa décision en avril 2012, à l’issue du voyage au Mexique et à Cuba. Il en aurait été tellement épuisé. Il est invraisemblable qu’un voyage pastoral pût être la cause de cette décision d’envergure du monument Joseph Ratzinger. Le Père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican en avait montré l’inanité. Jean Mercier a publié dans La Vie le 13 février un article équilibré intitulé « Les vraies raisons de la décision de Benoit XVI ». Il y garde la mesure. Restons aux aveux de Benoît XVI sans archéologisme. Il est l’un des hommes les plus honnêtes du 20e s.; héroïque et stoïque devant une presse qui le limait à la surface sans jamais approfondir sa vie de pape livré à Dieu sans réserve et qui aime l’Église plus que sa famille. Je crois que le monde aurait intérêt à le pratiquer davantage. Cet homme admirable est mon pape.
Avant de quitter la chaire de Pierre, Benoît parle à l’Église, il évoque les « eaux agitées de son pontificat », appelle à un vrai renouveau de l’Église, souhaite que tous ses membres se renouvellent et se réorientent de manière décidée vers Dieu, en reniant l’orgueil et l’égoïsme. A son dernier angélus le 24 février, plus de 100 000 fidèles s’étaient massés sur la place Saint-Pierre en signe d’hommage ; 150 000 personnes prirent part le 27 février 2013 à sa dernière audience, la 384e. Aux 143 cardinaux qu’il réunit dans la Salle Clémentine du palais du Vatican il déclare : « parmi vous se trouve le prochain pape, auquel je promets déférence et obéissance inconditionnelles». Après cérémonies et civilités le 28 février, il quitte le Vatican à bord d’un hélicoptère de l’armée de l’air italienne, pour Castel Gandolfo, avec son secrétaire Mgr Georg Gänswein, le régent de la Maison pontificale, Mgr Leonardo Sapienza, son médecin personnel, Patrizio Polisca, et 4 laïques du mouvement Communion et Libération. Selon le protocole les appartements pontificaux du Vatican sont scellés et les biens du Saint-Siège sous le contrôle du camerlingue Tarcisio Bertone, gardien de la férule de Pierre. Il fait le constat de la vacance du siège apostolique, brise devant les cardinaux l’anneau du pêcheur de Benoit. Sa renonciation a permis de mettre en place un protocole qui cadre avec la nouveauté de la situation. Il porte désormais sa soutane blanche sans mozette, une courte pèlerine rouge sans manches et des chaussures de couleur marron. Il devient Sa Sainteté Benoît XVI, pape émérite. Il se retire dans la méditation, la prière au monastère Mater Ecclesiae pour implorer Dieu pour tous et écrire.
Avec cette vacance, les dicastères sont en pause ; le Collège cardinalice dans son entièreté est convoqué par son doyen, Angelo Sodano. Les congrégations générales débutent par le serment de tous les cardinaux, tous sous le sceau du secret. Au menu : gestion des affaires courantes, préparation du conclave. La première des 10 congrégations générales eut lieu le lundi 4 mars 2013 dans la salle du Synode, de 250 places. Elles évoquent l’état de l’Église et de la Curie, les enjeux de l’élection, le profil du prochain pape. Les cardinaux veulent élire un homme de Dieu enraciné dans la réalité, capable de communiquer au monde une foi enthousiaste ; qui vit dans le cœur de Dieu afin d’étrangler les courants mondains et les menées trop immanentes qui aplatissent l’Église, la rivant trop aux affaires séculières. Un homme capable de coordonner le travail du lourd appareil curial à réformer pour mieux servir le corps épiscopal. Un homme à la poigne ferme qui ne manque pas de délicatesse dans le maniement des choses et des personnes. Enfin le nouveau pape, évêque de Rome, successeur de Pierre à la suite de Benoît XVI, doit être ouvert au monde, fidèle à la tradition, à Vatican II et apte aux desseins protéiformes.